BRANCHIOPODES

BRANCHIOPODES

Les Branchiopodes sont des Crustacés, libres, relativement primitifs, caractérisés par des pattes thoraciques plus ou moins foliacées jouant le rôle de branchies; d’où le nom de Branchiopodes. Certains sont protégés par une carapace qui peut être constituée de valves ou présenter la forme d’un bouclier dorsal. On connaît environ 900 espèces, réparties dans le monde entier et habitant principalement les eaux douces ou saumâtres. Leur développement est souvent parthénogénétique: les femelles pondent des œufs non fécondés par la semence des mâles. Les œufs peuvent supporter une dessiccation prolongée qui est même, dans certains cas, nécessaire à leur développement normal.

Milieux

De l’ornière à la mare de ferme, du plus petit étang aux plus grands lacs du monde et même à l’océan, tous les milieux aquatiques lénitiques (les eaux calmes) possèdent leurs Branchiopodes.

Parmi ceux-ci, certains préfèrent les milieux temporaires et les zones plus ou moins arides du globe (Anostracés, Notostracés, Conchostracés), s’accommodant parfois de milieux salés ou sursalés marins ou continentaux (Podon , Artemia ); d’autres sont essentiellement pélagiques et lacustres (Bythotrophes , Bosmina ); d’autres enfin s’adaptent à la fois aux lacs et aux grands fleuves (Leptodora ), mais on ne connaît pas de Branchiopodes vraiment cavernicoles. Leur mode de reproduction en fait les premiers colonisateurs de milieux neufs et, par leur adaptabilité à des conditions extrêmes de salinité et de température, ils sont les derniers à subsister dans les milieux les plus défavorables. Si certains genres sont cosmopolites (Daphnia ), certains autres sont cantonnés dans une aire beaucoup plus restreinte (les Moina sont presque toujours exclusivement africains). Les formes vraiment endémiques sont rares.

Caractères

La répétition de segments ou somites, tous construits sur le même schéma, peut être observée chez un grand nombre de Branchiopodes. Ce sont les Phyllopodes qui groupent trois ordres: Anostracés, Notostracés, Conchostracés. On distingue, d’autre part, l’ordre des Cladocères, dont le type le mieux connu est la daphnie ou puce d’eau (Daphnia ).

Tous ces organismes allient des caractères très primitifs, telle la morphologie de leurs segments thoraciques et des appendices qui leur sont apposés, et des caractères assez évolués, telle la structure de leurs appendices buccaux.

Très anciens, les Branchiopodes sont apparentés à certains animaux trouvés dès le Cambrien (Opabina , Protocaris ). Les Lepidocaris et Estheria du Dévonien en font partie et ce dernier genre vit encore actuellement.

Les Anostracés

Crustacés vermiformes, sans carapace, à tête distincte, les Anostracés rappellent un peu les crevettes et présentent deux yeux composés pédonculés. Outre deux petites antennules frontales, ils ont des antennes, réduites chez la femelle et bien développées chez le mâle, et qui servent chez ceux-ci d’organes préhensiles lors de la copulation. Leur corps est constitué d’un grand nombre de segments thoraciques (11 à 19), avec appendices, et de segments abdominaux nus: il se termine par une furca simple.

La plupart des Anostracés se reproduisent par accouplement. Cependant, l’artémie (Artemia salina ) est capable de coloniser eaux saumâtres et marais salants en se reproduisant par voie parthénogénétique. Ses œufs supportent bien la dessiccation. Ils sont vendus dans le commerce comme nourriture des poissons d’aquarium. Vivant dans des conditions particulièrement défavorables au développement des organismes aquatiques (milieux temporaires), les Anostracés surprennent par le caractère explosif de leur apparition. Ainsi, les Chirocéphales (Chirocephalus diaphanus ) dont les œufs, pondus peu avant la dessiccation de mares temporaires, éclosent, tous ensemble, à la remise en eau de la mare, parfois plusieurs années plus tard.

Les Notostracés

Munis d’une carapace en forme de bouclier, les Notostracés sont aisément reconnaissables et ne peuvent passer inaperçus étant donné leur taille (plusieurs centimètres). Leurs yeux sont pairs, sessiles, dorsaux et leurs antennes très réduites. Ils présentent de très nombreux somites munis de paires de pattes et leur corps se termine par deux cerques multiarticulés représentant la furca.

Le type le mieux connu est le Triops (Triops cancriformis ) qui abonde dans les rizières méditerranéennes et dans de nombreuses mares semi-temporaires. Sa reproduction est le plus souvent parthénogénétique et les mâles sont rares. Les Lepidurus , munis à l’extrémité de l’abdomen d’une petite lame ovalaire subtronquée entre les cerques, ont les mêmes mœurs. Tous sont carnassiers.

Les Conchostracés

La carapace bivalve des Conchostracés, munie de lignes de croissance comme chez les Mollusques lamellibranches, recouvre et contient la tête et le corps; leurs yeux sessiles sont coalescents. Ils possèdent plus de dix paires de pattes. Ils ressemblent du reste à de gros Ostracodes, avec leur abdomen terminé par des griffes et leurs antennes biramées servant à la locomotion. Ils vivent çà et là dans les mares et fossés du midi de la France et, plus généralement, en Europe méridionale ainsi qu’en Amérique. Les genres les plus connus sont Limnadia , Cyzicus , Estheria et Lynceus (Limnetis ).

Les Cladocères

Très proches des Conchostracés, les Cladocères ont un nombre réduit de somites et de paires de pattes (4 à 6 paires) et leur carapace, parfois très réduite, ne protège pas la tête. De petite taille en général, certains n’atteignent que quelques dixièmes de millimètre (Chydorus ), tandis que d’autres dépassent le centimètre (Leptodora ). Leurs yeux sont sessiles et ils nagent par saccades grâce à leurs antennes biramées puissantes; leurs antennules sont réduites (Daphnia ), modérément développées (Macrothrix ) ou très allongées, en cornes (Bosmina ); leur abdomen se termine par des griffes furcales. Bien que leur reproduction puisse être sexuée, ils se développent le plus communément par voie parthénogénétique (amphimixie). Les œufs, pondus dans une chambre incubatrice dorsale, donnent naissance à des embryons que la mère libère quelque temps après.

Les daphnies de nos mares (Daphnia pulex ) tout comme celles qui peuplent nos lacs (Daphnia longispina ) constituent un élément essentiel du plancton animal; elles produisent à certaines saisons, sans être fécondées, des œufs qui donnent naissance à des mâles. Ceux-ci féconderont des femelles qui, alors, produiront un ou plusieurs œufs particuliers, à développement retardé et le plus souvent protégés par un épaississement de la chambre incubatrice, dénommée éphippie. Cet «œuf de durée», tombant au fond, attendra parfois plusieurs mois des conditions favorables à son éclosion et donnera naissance à une nouvelle femelle parthénogénétique. Il peut supporter le gel, la dessiccation, la chaleur et permet aux formes d’eaux temporaires de survivre pendant la mauvaise saison, pendant des années mêmes. Une couche de plusieurs centimètres de ces éphippies de daphnies peut recouvrir le fond de certains lacs de montagne en hiver.

Se nourrissant surtout de détritus, bactéries et algues, beaucoup de Cladocères absorbent leur nourriture grâce à un système de filtration sélectif. Certains sont carnassiers (Leptodora ); d’autres broutent le feutrage organique du fond (Chydorus , Alona , Alonella , Acroperus , Eurycercus ).

Les Cladocères montrent souvent, parfois avec périodicité, des variations morphologiques. Ce phénomène, appelé cyclomorphose, peut être corrélé avec divers facteurs tels les influences de la prédation et de la compétition, le changement saisonnier des conditions du milieu (viscosité, turbulence, lumière, température).

En eau douce, Carpes, Ablettes et Corégones s’en nourrissent. Ils sont très utilisés pour la nourriture des poissons d’appartement; ce sont des maillons très utiles de la chaîne nutritive en milieu aquatique. L’industrie de la «daphnie séchée» commercialise en France quelque 400 tonnes de produits par an.

branchiopodes [ brɑ̃kjɔpɔd ] n. m. pl.

• 1802; du rad. de branchie et -pode

♦ Zool. Sous-classe de crustacés primitifs possédant sur le tronc des appendices aplatis, leurs branchies.

branchiopodes

n. m. pl. ZOOL Sous-classe de crustacés entomostracés aux pattes aplaties et lobées.

— Sing. Un branchiopode.

⇒BRANCHIOPODES, subst. masc. plur.

ICHTYOL. Ordre de crustacés, généralement de petite taille, caractérisés par leurs pattes courtes et lobées, munies d'appendices branchiaux (cf. CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 4, 1805, p. 408).

Rem. 1. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIX^e et du XX^e s. à partir de Ac. Compl. 1842. 2. Les dict. citent plusieurs termes de zool. formés sur l'élément préf. branchio-. Notre docum. atteste a) Branchiostège, adj. Qui recouvre les branchies. Membrane branchiostège des poissons osseux (cf. CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 5, 1805, p. 384), les branchiostèges étant les poissons pourvus de cette membrane (cf. ID., ibid., p. 399). b) Branchiostome, subst. masc. Ouverture par laquelle les branchies communiquent avec le milieu ambiant; nom d'un poisson ayant cette ouverture (cf. Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 409).

Prononc. :[(k)]. Le mot est transcrit par [] dans BARBEAU-RODHE 1930 et dans les dict. du XIX^e s. (LAND. 1834, LITTRÉ et DG); il est transcrit par [k] dans Pt Lar. 1968. Pt ROB. admet les 2 prononciations. Étymol. et Hist. 1803 subst. masc. (BOISTE). Dér. du rad. de branchies; élément suff. -pode. Fréq. abs. littér. :11.

branchiopodes [bʀɑ̃kjɔpɔd] n. m. pl.

ÉTYM. 1803; du rad. de branchie, et -pode.

❖

♦ Zool. Sous-classe de crustacés primitifs, aux pattes aplaties et lobées. — Au sing. || La daphnie est un branchiopode.

➪ tableau Classification des crustacés.

Encyclopédie Universelle. 2012.